ARTICLE 2
RÉCIT DE VOYAGE ET D’ENSEIGNEMENT À PARIS
MAI 2024
La retraite méditative à Paris s'est déroulée du mercredi 8 mai au dimanche 12 mai 2024. De Toulouse, j'ai pris l'avion pour Paris. Après une journée de repos, le mercredi matin, la retraite a commencé dans la ville de Noisy-Le-Grand, en banlieue parisienne. La sangha de Paris a été créée très tôt, il y a environ 21 ans, la plupart des membres étaient des méditants chevronnés qui avaient étudié directement avec le Maître Fondateur. Sachant cela, chaque année, comme d'habitude, je m'y rendais avec la simple intention de leur rendre visite. S'ils avaient des questions pendant la pratique, je leur rappelais les enseignements passés du Maître.
Les contenus rappelés concernaient également des thèmes généraux, par exemple la présentation claire du chemin de pratique que le Maître avait recommandé dans le passé en combinant l'essence de la méditation des trois courants bouddhistes : La méditation du courant Theravāda (« Voie des Anciens » ), celle du courant progressiste Mahāyāna et celle du courant Zen. Il l'a également combinée avec les connaissances de base de la neurologie pour expliquer comment les résultats de la pratique du zen influent sur notre santé et notre sagesse. En outre, il nous avait transmis des méthodes de pratique spécifiques et détaillées, acquises grâce à ses propres expériences.
Il s'agit d'une sangha composée de pratiquants de longue date qui peuvent avoir un plus grand besoin de développer la sagesse. Comment surmonter les illusions ? Avec un mental calme, est-ce que c'est fini ? Comment aller de l'avant pour développer une sagesse créative ? Pour répondre à ces questions, j'ai synthétisé les méthodes également tirées de la collection des sutras Nikāya, pour présenter le sujet "Les processus d'évolution du mental". Je résume quelques points clés des diaporamas présentés ci-dessous.
- Diapositive n° 1 : Maintenant que nous avons étudié le bouddhisme, nous savons que chaque personne possède dès le départ un mental pur, naturel et inhérent. Mais en l'ignorant dans le passé, nous nous sommes attachés aux plaisirs de la vie. Si nous étions satisfaits, cela donnait lieu à des passions, dans le cas contraire à de la colère et de la haine, et nous continuions à dériver en accumulant perpétuellement les convoitises, les aversions et les égarements.
- Diapositive n° 2 : Avec la prise de conscience, nous commençons à nous rapprocher du bouddhisme et à choisir la voie du zen. Pour traiter l'esprit occupé par les attachements, les afflictions et la tristesse, le Bouddha a enseigné à "être attentif et vigilant" jour et nuit afin de ne pas permettre aux mauvais dharmas de surgir dans l'esprit. Lorsque nous méditons, nous devons avoir un objet de méditation clair, concentrer notre esprit et observer l'objet. De cette manière, l'esprit ne vagabonde plus. Cette méthode est temporairement appelée "pleine conscience". Il s'agit d'une étape dans une pratique solide qui permet de contrer les pensées vagabondes. Les pensées perturbatrices grossières n'existeront plus. L'objet de la méditation est important et nécessaire au début de la pratique. Le sujet l’est également.
Par exemple, l'écoute du son d'une cloche se compose de deux parties : l'écoute et le son de la cloche.
Le son de la cloche est l'objet de la méditation, et non le son de la musique ou tout autre son.
L'écoute est plus importante parce que nous devons activer l'ouïe et réaliser que l'ouïe est claire, transparente, calme et objective. Considérons "l'écoute" comme le sujet. Ce stade peut être considéré comme le début de l'expérience de l'état de "l’unification de l'esprit" (ou la tranquillité de l'esprit, one-pointedness of mind/citta-ekaggatā). Cependant, cette étape n'est pratiquée que pendant une courte période. Lorsque nous constatons que notre esprit est un peu plus calme et que les pensées distrayantes sont moins nombreuses, nous pouvons passer à l'étape suivante.
- Diapositive n° 3 : L'esprit commence à se calmer, nous le laissons aller, nous nous détendons, nous ne nous concentrons plus trop sur l'objet. Nous observons l'objet objectivement et honnêtement, sans intention de le juger, de l'aimer ou de le détester. C'est la méthode Yathābhūta (Vipassanā). Reconnaître "ce qui est à l’instant T", "ce qui est maintenant et ici". Cette étape est considérée comme la stabilisation de l’esprit et la sagesse en même temps. La stabilisation de l’esprit, c'est lorsque ce dernier est calme et insensible au paysage. Sagesse lorsque l'on reconnaît objectivement le paysage. Cette méthode est temporairement appelée "Conscience" ou "Conscience nue", ce qui signifie également" ne pas retenir les aspects généraux, ne pas retenir les détails spécifiques". On peut aussi la considérer comme le début de l'expérience du mental vrai, ou esprit unifié "citta-ekodibhāva" (unified mind). On peut également dire qu'il s'agit de connaître et voir [des phénomènes] tels qu'ils sont réellement (yathābhūta ñāṇa) ou de connaître et voir la vérité des choses telles qu'elles sont réellement (yathābhūta ñāṇa dassana), et non de l'omniscience. Il est nécessaire d'avancer plus loin pour voir la réalité ultime, ou l'essence ultime des phénomènes du monde.
- Diapositive n° 4 : Nous commençons à regarder plus profondément l'objet de méditation, à l'observer régulièrement, nous nous rendons compte que l'objet change toujours, nous réalisons la loi de "l'impermanence", l’apparition toujours suivie de sa disparition de l'objet. C'est la voie de la contemplation (Anupassanā). En regardant encore plus loin : pourquoi l'impermanence ? Parce que c'est un phénomène (dharma) conditionné, il n'a pas de substance propre et solide, sa nature est vide, il est illusoire.
- Diapositive n° 5 : L'esprit devient paisible, il ne s'attache à rien dans la vie. L'esprit brille maintenant, voyant clairement toutes les vérités qui apparaissent partout. Avec le temps, de nouvelles idées jaillissent à chaque instant du trésor de la sagesse créatrice comme des éclairs et qu'il suffit de tendre les bras pour attraper, comme on attrape rapidement un ballon dans un stade. Et c'est aussi très naturellement que nous pouvons présenter avec confiance, clarté et fluidité tout ce que nous avons réellement vécu, à notre manière. C'est l'éloquence, l'expression naturelle de la sagesse, ainsi que la bienveillance universelle, la compassion, la joie empathique et l'équanimité qui se manifestent progressivement et naturellement, devenant de plus en plus vastes et nobles.
Nous y voilà :
- Il n'y a plus d'objet de méditation
- Plus de technique à déployer
- Plus de praticien
- Une paix totale, une vie normale et joyeuse, le retour au mental pur originel, "Le mental ordinaire, c'est la voie".
En résumé, toutes les étapes de la pratique ne sont que des processus, et il existe d'innombrables niveaux, d'innombrables qualités subtiles différentes. J'ai essayé de les simplifier pour les besoins d'une présentation.
Ce qui précède est un résumé de la présentation principale destinée à la sangha de Paris, considérée comme stimulant notre sagesse. Il s'agit du processus de transformation de notre mental, en appliquant à la fois la contemplation Anupassanā, la sagesse Vipassanā et la stabilisation Samādhi. En fait, il s'agit d’une pratique basée sur celles de deux sutras majeurs : le discours sur les fondements de la connaissance (Satipatthàna sutta) et le Petit discours sur la vacuité (Cūḷasuññata sutta).
Le Satipatthana Sutta utilise la sagesse/Vipassanā pour ramener l'esprit sur un objet de méditation et le comprendre par la sagesse. Il utilise ensuite la contemplation/Anupassanā pour réaliser l'apparition toujours suivie de la disparition de l'objet afin de s'en détacher et de se détacher de tous les phénomènes du monde. Enfin, demeurer paisiblement dans cette pleine conscience, c'est aussi s’imprégner de "l’Ainsité".
Le Cūḷasuññata sutta fait appel à la sagesse Vipassanā pour observer que dans notre esprit, il n'y a qu'une seule pensée. Ensuite, utiliser la contemplation de la cause et de l'effet, savoir que "lorsque cela existe, ceci existe", que cette pensée unique est un phénomène conditionné, que sa nature est vide, complètement vide. C'est la véritable pratique de la "Vacuité".
Grâce à cette combinaison de pratique, nous réalisons que la contemplation (Anupassanā) ou la sagesse (Vipassanā) permet également d'avoir la sagesse de comprendre la vérité et de se défaire de tous les attachements. En d'autres termes, l'esprit n'est plus agité et confus par les circonstances de la vie, alors de quel type d'esprit s'agit-il ? C'est l'esprit stabilisé. Cette stabilisation dans la vie de tous les jours est une stabilisation solide. Ainsi, lorsque nous méditons, comment les pensées perturbatrices peuvent-elles surgir ?
Les pensées vagabondes surgissent souvent car l'esprit est encore attaché.
Seule la sagesse peut transformer l'esprit, le purifier, le rendre pur, calme et silencieux, objectif.
Un esprit anxieux, inquiet et affligé doit toujours se manifester. Si nous nous obstinons à ne pas le laisser se manifester, il deviendra une propension, une tendance sous-jacente.
Ce qui précède est donc un bref résumé des "processus mentaux" pour la sangha de Paris.
Après la fin de la retraite le dimanche, ayant quelques jours de libre avant de prendre l'avion pour Berlin, Nhu Van et moi avons pu visiter Rome avec deux méditants de la sangha d'Allemagne comme guides bénévoles. Lorsque nous sommes arrivés à Rome, j'ai remarqué des arbres ornementaux des deux côtés de la rue. Il y avait un type particulier d'arbre qui poussait en abondance, comme un pin ou un conifère, dont le feuillage ressemble à un parapluie qui nous couvre du soleil et de la pluie. J'ai d'abord pensé qu'il avait été taillé comme une plante ornementale. À la périphérie de la ville, dans les champs déserts, ces arbres sont nombreux, grands et minces, dont les feuilles vertes s'étendent comme un parapluie. C'est très étrange et très beau.
Nous étions en mai et il faisait trop chaud ici. Il y avait trop de touristes. Le matin, je me suis rendu au Vatican en voiture, j'ai fait le tour de l'enceinte du Vatican et j'ai vu des touristes faire la queue sur des kilomètres, en plein soleil, pour entrer par la porte. J'ai abandonné et j'ai décidé de ne plus entrer.
Le Vatican est comme une petite ville située au centre de Rome, entourée d'un mur solide, très haut, robuste, d'un vieux gris foncé, qui me rappelle les grandes murailles d'autrefois. Est-ce aussi solide que cela ? La Grande Muraille à la frontière est fortifiée pour empêcher l'ennemi. Et ici, au milieu de la ville magnifique et civilisée de Rome, à quoi avait pu servir ce mur solide ?
Monastère principal, le 8 juin 2024
TN
Source (en vietnamien) : https://www.tanhkhong.org/a4222/bai-2-ky-su-chuyen-du-hoa-paris-5-2024
Traduit en français par Marc Giang, relu par Bùi Phương Trâm.
encore et toujours des mots simples qui à leur lecture me ramènent au calme, silence, au vide intérieur à une présence à soi débarrassée de pensées inutiles !
Belle journée à tous
Elisabeth.
Merci à toute l'équipe de traducteurs pour leur dévouement.
Cet enseignement permet de mettre au clair l'essentiel de la pratique sur le plan individuel et surtout sur le plan relationnel avec autrui.
Bonne continuation à vous tous.
Amicalement.
Gia.